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L’architecture médiévale à l’épreuve des sociétés modernes

Travaillant sur l’organisation de l’espace médiéval, l’équipe 3 du laboratoire ArAr s’est dotée, en janvier 2019, d’un nouvel axe de recherche intitulé L’architecture médiévale à l’épreuve des sociétés modernes (co-direction : Laura Foulquier, Anelise Nicolier et Olivia Puel).

L’histoire de l’architecture médiévale fut écrite, à partir du milieu du XIXe siècle, par des hommes dont la formation, le parcours professionnel et les objectifs étaient variés. Tous élaborèrent leurs propres méthodes d’analyse et leurs propres grilles de lecture du bâti médiéval, lesquelles sont à l’origine de nos pratiques en histoire de l’art et en archéologie.

« Étudier et restaurer le bâti médiéval (1850-1950). Acteurs, méthodes et enjeux »
S’intéresser à ces hommes et à leurs travaux, tel est l’objet de cette rencontre scientifique en deux actes qui s’inscrivent, de manière transversale, dans les thèmes 2 à 4 de cet axe de recherche.

> Acte I
Une journée d'études virtuelle (vidéos accessibles en ligne)

La journée d'études, prévue en juin, a été modifiée en raison de la situation sanitaire. Les intervenants ont accepté de se prêter à l'exercice, peu commun, d'un enregistrement à domicile. Nous les remercions sincèrement pour leur participation enthousiaste et pour leur investissement incontestable qui nous a permis de concrétiser ce premier acte.

> Acte II
Un colloque international du 3 au 5 juin 2021
(en webinaire)

Présentation de l'axe

Thème 1 : Réutilisation et récupération des espaces médiévaux

Ce premier thème, qui fait écho aux travaux de l’axe 1 « Matériaux et approvisionnement » traitant du phénomène du remploi des matériaux de construction, envisage l’impact qu’ont pu avoir les sociétés modernes et, en particulier, les événements politiques, comme la Révolution française, sur les édifices médiévaux. Certains furent détruits selon des modalités diverses qu’on s’attachera à caractériser. D’autres subsistèrent en perdant toutefois leurs fonctions primitives au profit de nouveaux usages et au prix de transformations dont on évaluera les conséquences à la fois matérielles et symboliques. D’autres, enfin, conservèrent leurs fonctions originelles en adaptant leur architecture aux nouveaux besoins de la société ou à de nouvelles pratiques. Dans tous les cas, on cherchera à cerner le ressenti des populations, les motivations des différents acteurs, à évaluer les multiples enjeux de ces transformations, mais aussi à caractériser l’évolution du paysage monumental

Thème 2 : Les pratiques de restauration

En contrepoint du premier thème, qui traite de la transformation ou de la destruction des monuments du Moyen Âge, le deuxième s’attache, au contraire, à leur restauration. Les pratiques modernes, dans ce domaine, seront envisagées dans leurs dimensions matérielles, par l’évaluation des moyens économiques et humains mobilisés sur les chantiers, mais aussi sous l’angle des techniques, par l’observation des savoir-faire mis en œuvre. Dans la mesure où elles contribuent à la valorisation du patrimoine médiéval, les pratiques de restauration permettent par ailleurs d’appréhender des dimensions politiques, culturelles et sociales qui rejoignent des problématiques davantage historiques. Il serait sans doute intéressant, dans cette optique, de s’interroger sur l’instrumentalisation de ce patrimoine à des fins mémorielles pour attester de l’ancienneté d’un lieu, par exemple, voire pour réécrire l’histoire.

Thème 3 : Héritage et réécriture du bâtiment médiéval

Ce troisième thème interroge, dans la continuité du précédent, l’influence que le bâti médiéval a pu avoir sur des architectes chargés, dès le XVIIe siècle, de greffer une structure moderne sur un édifice du Moyen Âge ou de concevoir un bâtiment neuf sur un territoire possédant un riche patrimoine médiéval. Il s’agira alors de déterminer dans quelle mesure ces créations nouvelles furent les héritières de l’architecture médiévale locale ou, au contraire, de l’enseignement parisien suivi par ces professionnels de la construction. Sur leurs propres chantiers, les architectes s’inspiraient-ils simplement des décors médiévaux ou cherchaient-ils l’imitation parfaite au point de tromper les visiteurs ? Les édifices qu’ils avaient sous les yeux étaient-ils suffisamment valorisés pour être susceptibles de les influencer ? Par ailleurs, quels sont ceux qui, sur un territoire richement doté, devinrent des modèles pour les générations suivantes ?

Thème 4 : Le monde de l’érudition face au bâti médiéval

Ce quatrième thème envisage la manière dont l’architecture médiévale a été documentée et étudiée, à partir du XIXe siècle, dans des territoires a priori délaissés par les spécialistes reconnus de l’histoire de l’art ou de l’architecture du Moyen Âge. Dans une optique historiographique, il propose de porter un regard nouveau sur les travaux des érudits et des sociétés savantes, mais aussi sur les études produites par les architectes diocésains ou ceux des Monuments historiques, parallèlement à leurs activités professionnelles. À ce jour, ces fonds d’archives ont été largement délaissés malgré l’abondance des informations qu’ils recèlent. Il faudra bien sûr s’interroger sur leur fiabilité en s’intéressant aux habitudes de travail des « chercheurs » et en évaluant l’impact du contexte culturel sur leurs choix et analyses. Toute la documentation produite sera prise en compte, depuis les notes de travail des érudits jusqu’à leur correspondance en passant par leur production graphique.

Mots-clés
Architecture, Moyen Âge, Sociétés modernes.
Devenir des monuments médiévaux : restauration, destruction, transformation, perception.
Histoire des sciences humaines, érudits, histoire de l’art, archéologie du bâti