ANR Fistulae 2023-2026
Le projet ANR FISTULAE est porté par l’université Toulouse 2-Jean Jaurès et le laboratoire TRACES (UMR 5608), en collaboration avec l’École française de Rome, le laboratoire ArAr (UMR5138 - Université Lyon 2) et le laboratoire ASM (UMR 5140 – Montpellier 3). La réunion de lancement du projet a eu lieu à l’École française de Rome en présence de tous les membres du consortium le 17 mars 2023.
Ce projet ANR s’est donné pour objectif d’étudier les ressources, l’organisation et les acteurs du marché du plomb romain en combinant l’étude historique, archéologique, épigraphique et les analyses archéométriques des tuyaux en plomb sur plusieurs fenêtres géographiques.
En France, le territoire concerné englobe plusieurs sites du couloir rhodanien et de Gaule Narbonnaise (dont Lyon, Vienne, Arles, Nîmes et Narbonne). En Italie, les zones d’étude se situent dans le Latium (Rome et Ostie-Portus), en Campanie (Pouzzoles, Pompéi et Herculanum) et en Gaule Cisalpine (Aquilée).
Au laboratoire ArAr, le projet ANR a débuté le 1er février 2023 sous la responsabilité d’Aldo Borlenghi, avec le recrutement d’une chercheuse en contrat CDD de 6 mois, Élise Vigier. Le secteur de Lyon et Vienne étant le premier à être exploité dans la chronologie du projet, la mise en place d’une collecte harmonisée des données constitue un enjeu de première importance.
Une des premières missions est en effet de créer une base de données qui sera partagée par tous les acteurs du projet, de manière à construire un corpus le plus homogène possible. Cela passe par la mise en place d’un protocole d’enregistrement normalisé et d’outils de travail communs aux différentes équipes (bibliothèque Zotero), le tout dans un souci constant d’ouverture, d’accessibilité et de mise à disposition future des données de cette recherche.
Parallèlement, il s’agira de mener un inventaire systématique des fistulae présentes sur les territoires lyonnais et viennois, qu’elles soient issues de découvertes anciennes ou de fouilles archéologiques récentes. Cela s’effectuera d’abord par un dépouillement bibliographique dans les bibliothèques et les archives, puis par l’observation directe de ces conduites et tuyaux dans les différents lieux de conservation.
Outre les caractéristiques morphologiques, techniques et typologiques liées à la fabrication, à l’assemblage et à la mise en œuvre de ces fistulae, une attention particulière est portée à leur contextualisation, aux éléments de datation (intrinsèques ou extrinsèques) ainsi qu’à l’étude des éventuelles inscriptions.
Une fois ce corpus construit, il sera possible de déterminer les critères de sélection des tuyaux les plus pertinents, qui pourront faire l’objet d’analyses archéométriques dans les phases ultérieures du projet.
À la différence des lingots, qui en tant que produits intermédiaires permettent de retracer la piste du métal entre la mine et les lieux de « consommation », les tuyaux constituent une catégorie de produits finis située à la fin de la chaîne de commercialisation du plomb.
L’étude archéologique et épigraphique des fistulae, réalisées par les différents spécialistes, apporte de nombreux renseignements sur les techniques de fabrication, de mise en œuvre et la structuration du marché. Si les inscriptions signalent des artisans, elles peuvent également indiquer les commanditaires, qu’ils soient des particuliers ou des collectivités, ou qu’il s’agisse des empereurs, de membres de la famille impériale ou de leur entourage.
En revanche, seules les analyses géochimiques en laboratoire permettent d’accéder à certaines informations. Ainsi, les caractéristiques chimiques (analyses multi-élémentaires) et isotopiques des minerais d’origine se retrouvent dans le métal qui en est issu, ce qui permet d’en mesurer l’homogénéité et de caractériser voire retracer son origine géographique, sous certaines conditions.
Origine du métal, gestion de la ressource et organisation des approvisionnements, évolution diachronique, identité et rôle des différents acteurs sont les grands axes de cette recherche systématique menée dans une approche interdisciplinaire et diachronique