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Chantier d'archéologie expérimentale : atelier de tuiliers antique

Ces dix dernières années, les recherches en Gaule du Centre-est ont apporté de nouvelles informations sur l'artisanat de la tuile aux périodes protohistorique et antique. Si l'étude des objets (typologie, pâte…) a permis de renforcer notre connaissance sur ce sujet, d'autres questions demeurent, en particulier sur les modes de fabrication et l’organisation de la production, auxquelles l'expérimentation semble être une piste de réponse intéressante. En partenariat avec le Groupement Archéologique du Mâconnais (Daniel Barthèlemy) et l’association des Carrières de la Lie, un projet de reconstitution d’atelier de tuiliers antique a été entrepris dans le cadre d’une thèse de doctorat (Benjamin Clément), en bordure du site des carrières de la Lie, au nord de Mâcon.

Ce projet a pour objectif de reconstituer un atelier de tuiliers tout en respectant l’organisation, les techniques de construction et le modus operandi des artisans antiques.
Il s’articule autour d’un four rectangulaire, disposant d’une chambre de chauffe de 1,50 m de côté entièrement mis en œuvre en adobe (3000 briques nécessaires). L’atelier dispose également d’une aire de corroyage (préparation de l’argile) et de moulage, ainsi que d’une halle destinée au séchage et au stockage des matériaux.

La première phase d’expérimentation concerne les techniques de construction en terre, soit associée à une ossature bois (opus cratitium ou torchis), soir montée sous forme de briques crues (opus latericium). Ainsi, la première étape a consisté à aménager les infrastructures de l’atelier : construction de l’ossature bois de la halle de séchage et aménagement des aires de travail extérieures.

Une seconde étape s’est concrétisée au travers de deux stages en mai et septembre 2012, regroupant des étudiants de l’Université Lyon 2 et de l’Université de Bourgogne, qui a eu pour objectif la réalisation des briques crues nécessaires à la construction du four ainsi que l’édification des cloisons de la halle de séchage.

Plusieurs ateliers ont été mis en place :

- En premier lieu, il a fallu débuter la préparation de l’argile (argile + sable + dégraissant végétal) sur l’aire de corroyage selon des proportions observées sur les adobes antiques ou les fragments de torchis.

- Le moulage des briques crues, qui serviront à l’édification du four et des cloisons, a été réalisé à l’aide de cadres en bois. Quatre cents briques ont pu être moulées en l’espace de 4 jours, ce qui est assez faible en comparaison des exemples ethnographiques (moyenne de 500 briques/jour/homme).

 - Le dernier point a concerné la construction des cloisons de la halle de séchage. Trois cloisons en torchis ont ainsi été édifiées avec la réalisation du clayonnage (horizontal ou vertical) et le gâchage de la paroi à l’aide d’un mélange d’argile et de matière végétale. Les premières observations montrent que si la technique de mise en œuvre est assez simple, elle nécessite une quantité importante de matière première.

 - Deux cloisons en adobes sur solin de pierres sèches ont également été construites. Cette méthode requiert un savoir-faire plus élaboré, mais permet l’édification de maçonneries plus résistantes tout en utilisant une quantité d’argile moins importante.

Cette première phase s’achèvera lors d’un stage qui se déroulera au printemps 2013.

Une fois les infrastructures mises en œuvre, la deuxième phase du projet pourra débuter d’ici à l’été 2014. Elle aura pour objectif la mise en service du four et la production et cuisson de tegulae et imbrices, mais aussi de briques de différents modules, de tubuli, de briquettes d’opus spicatum...

Les stages permettent aussi d'organiser parfois des sessions de conférences sur l'archéologie expérimentale (juin 2013, notamment).

Photos : © Benjamin Clément