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Site romain de Panossas – Les Buissières

Campagne 2016

Les fouilles du site de Panossas "Les Buissières" ont débutées en 2012 avec le début du chantier de fouille programmée de l’Université Lumière Lyon 2 sous la direction de M. Poux et A. Borlenghi.
Elles ont permis de mettre au jour une station routière de grande envergure, composée d’une part d’un secteur est incluant un riche ensemble thermal et résidentiel et d’autre part un secteur ouest artisanal et d’hébergements plus modestes.
La dernière campagne de ce programme de fouilles s’est déroulée en 2016 et a permis de mener les fouilles entreprises jusqu’aux niveaux géologiques.

Plan de fouille © ARAR

Plan en version pdf

Photo aérienne © B. Chagny

La séquence d’occupation mise en évidence sur le site de Panossas s’étend du Ier s av. J.-C. au IVe s. apr. J.-C. et se décompose en six grandes phases, associant des vestiges des secteurs ouest et est.
Plusieurs structures en creux éparses associées à un long fossé forment une première phase d’occupation qui a pu être daté par la céramique de la période de la Tène finale (LT D1). 

Au milieu du Ier s. av. J.-C., un premier bâtiment est installé dans la zone ouest. Il se compose de quatre cellules (bâtiments E et L) alignées contre un mur d’enclos, interrompu par des murs perpendiculaires formant une porte charretière (bâtiment K). Ce premier bâtiment et la porte associées sont contemporains d’un premier niveau de voierie. Dans ces bâtiments, plusieurs structures ont été repérées, notamment deux cuisines (présence de foyers, de mobiliers culinaires (louche-crochet à viande), de faune et céramiques culinaire).
Dans les dernières décennies du Ier s. av. J.-C., la cellule centrale du bâtiment E subit alors un changement de fonction radical et voit la mise en place d’un atelier de forge. Celui-ci, en grande partie conservé, se compose d’un foyer, des traces d’une table de frappe et de plusieurs fosses de rejet. L’une d’entre elles a livré une pince de forgeron. Face à ce bâtiment, une cellule supplémentaire (T) est construite et est interprétée comme un module de stabulation. Dans la cour de ce bâtiment, deux squelettes de jeunes équidés ont été retrouvés.

© ARAR. Equipe 1

Dans les niveaux de démolition de cet état a été trouvé un ensemble d’enduits peints décorés rattachés au deuxième style pompéien.

© ARAR. Equipe 1

L’ensemble de ce bâtiment (E), sa composition et les services qu’il propose tendent à l’interpréter comme une structure d’hébergement liée au service et à l’hébergement des hommes et des animaux. 

À cette même période, le mur d’enclos est prolongé en direction du sud et sert d’appui à un nouveau bâtiment (bâtiment B). Celui-ci se compose d’une cour centrale autour de laquelle un espace en U est installé. Au sud, un large espace comprenant un sol en terre battue dans lequel est implanté un large foyer (1,20 m de diamètre), rechapé au moins trois fois, a livré de nombreux éléments céramiques mais aussi un catillus de meule basse manuelle, une fourchette à chaudron, un flacon en terre cuite, mais aussi une intaille figurant un bouc à gauche. Le plan de ce bâtiment, la nature des niveaux mais aussi les mobiliers associés tendent à l’interpréter comme auberge.
Le mur d’enclos qui sépare ces deux bâtiments est coupé perpendiculairement au début du Ier s. apr. J.-C. par deux murs parallèles (P) ayant une double fonction, souvent attestée à la même époque, d’égout surmonté d’un passage piétonnier. Les quatre nouvelles pièces ainsi reconstruites présentent des fonctions toutes différentes : une cuisine avec table de cuisson surélevée « à la romaine » et deux pièces dont les sols sont installés sur plancher surélevé. Face à ces pièces, l’espace de stabulation est toujours en fonction sans changement majeur. À l’avant de ces pièces et au sud de l’écurie, une grande cour enclose se développe. Ce complexe constitue une autre forme d’hébergement collectif. 

Au nord, la porte charretière d’état antérieur est reconstruite en même temps que le mur d’enclos associé. Elle présente dorénavant des murs à redents et une structure de fermeture de type « herse ». Le long de la voie qui longe les bâtiments, une sépulture à incinération a été repérée et fouillée. Elle est constituée d’un coffrage de tuiles maintenu par quatre pierres de calage et installé dans une fosse. Dans ce coffret prenait place un vase ossuaire intact contenant les cendres du défunt ainsi qu’un balsamaire en verre. Le matériel qui lui est associé témoigne d’une tombe privilégiée aménagée dans le courant de la période julio-claudienne.
Contre le mur nord de cette porte et le mur d’enclos ouest du site, le bâtiment L est reconstruit et doté d’un atelier de forge bimétallique (fer et bronze), prenant ainsi la suite de l’atelier du bâtiment E d’état antérieur. 

Dans le secteur est à cette même époque, un autre bâtiment est construit (bâtiment J) selon un plan similaire aux bâtiments d’hébergements de type conturbernia ou valetudinaria retrouvés en contextes militaires. Au sud de ce bâtiment se retrouve un premier état du bâtiment (R-M-F) d’état postérieur. Il est séparé du bâtiment précédent (J) par un espace de circulation piétonnier (là aussi associé à un égout), identique à celui déjà décrit dans le secteur ouest.
Dans la seconde moitié du Ier s. apr. J.-C., ce bâtiment est complètement reconstruit et est composé de trois ailes (ouest, nord et est) fermées par un mur simple au sud. Au centre du bâtiment, dans l’alignement de la pièce centrale de l’aile nord, se développe un bassin de plus grande taille que celui d’état antérieur et cette fois doté d’une abside semi-circulaire sur son côté sud. Les pièces associées à ce bâtiment présentent des aménagements similaires : sols en mortier de tuileau plaqués de marbre (en grande partie récupéré à la fin de l’antiquité mais les empreintes subsistent) et parois décorées d’enduits peints. Ceux-ci présentent des décors variés dont des plinthes mouchetées surmontées d’à plats unis ou des décors végétaux.

© ARAR. Equipe 1

© ARAR. Equipe 1

Ce bâtiment est le seul en activité dans ce secteur à cette époque. Le plan de ce bâtiment tend à l’interpréter comme structure d’hébergement des élites de passage (praetorium).

Dans le secteur ouest, le bâtiment E change de nouveau de plan : à plusieurs cellules organisées face-à-face succède un plan linéaire de six cellules alignées contre le mur d’enclos du site et dotées d’un portique de façade ouvert vers l’est. Au nord, dans le bâtiment L, l’atelier de forge est doté d’un nouveau foyer et le sol est réchappé. Ce bâtiment est doté le long de sa façade orientale d’un avant-corps tripartite. Au sud, le bâtiment B est reconstruit à cette époque pour répondre à une volonté de normalisation des façades et se dote alors d’une large cour au sud adjointe d’un portique de façade. Peu de niveaux de sol associés à ce bâtiment ont été conservés, seuls deux espaces de cuisines ont pu être fouillés.

La fin du Ier s. marque la dernière phase de grands réaménagements mise en évidence sur le site. Le bâtiment E est démoli en vue de la construction du granarium (bâtiment H, 52 m x 18 m). Il se compose de deux modules de stockage sur plancher suspendu installés de part et d’autre d’une zone de manutention surplombant l’espace de circulation extérieur. 

À l’est, le grand bâtiment en U est doté, au plus tard à la fin du Ier s., d’un complexe thermal qui s’étend sur plus de 900 m² ; les vestiges sont encore en élévation sur deux à quatre mètres de hauteur. Le circuit balnéaire s’organise en fonction des phases d’aménagements. Ce bâtiment est entouré par des pièces de service liées à son utilisation : cuisine, salles de chauffe, pièces de stockage, latrines… Les dimensions du bâtiment et le luxe de son ornementation militent plutôt pour un édifice thermal à caractère public ou semi-public, comme on en connaît dans le cadre d’une agglomération secondaire, d’une mansio ou d’un sanctuaire. 

Dans le courant du IVe s., une dernière cellule (L5) est installée dans la partie nord du secteur ouest, contre le mur d’enclos. Elle a livré un petit foyer ainsi qu’une fosse comprenant le squelette d’un bœuf associé à un dépôt de céramique allobroge et de verre. Contre la paroi nord de cette pièce, une petite pièce (L9) vient s’accoler. 

Au terme des cinq années de fouille et de sondage écoulées, les responsables du programme de recherche entrepris en 2012 sur l’établissement des Buissières en vue d’en préciser le plan, la chronologie et la fonction, considèrent qu’il a pleinement atteint ses objectifs. Les résultats obtenus – dont un article paru dans un dossier de la revue Gallia (73-1, 2016) donne un premier aperçu – permettent d’écarter l’identification d’une villa vinicole, proposée dans le cadre des publications, rapports et inventaires antérieurs, au profit de celle d’une station routière de grande envergure. Ils permettent d’envisager sous les meilleurs auspices l’élaboration d’un rapport de synthèse qui sera remis fin 2017, sous réserve d’obtenir les financements permettant de mettre en œuvre les études spécialisées nécessaires à sa finalisation.

 © ARAR. Equipe 1

Campagne 2015

Fouilles archéologiques programmées (chantier école de l'université de Lyon 2).
Interventions du 18 mai au 26 juin 2015.
Co-responsables : Matthieu Poux et Aldo Borlenghi (Université Lyon 2, ArAr)

Le site de Panossas est situé au lieu-dit "Les Buissières", il est inscrit dans le territoire de la cité de Vienne (situé à 31 km à l’ouest) mais est aussi en bordure de celui de Lugdunum (situé à la même distance). Il a été repéré et interprété comme villa romaine en 1976 par Y. Burnand et a depuis lors été l’objet de différentes opérations de sondages et de campagnes de fouilles. Elles n’ont véritablement débutées qu’en 2012, et ont permis de mettre au jour d’une part un ensemble thermal et d’autre part un secteur artisanal. 
Le complexe thermal s’étend sur plus de 900 m2 ; les vestiges sont encore en élévation sur deux à quatre mètres de hauteur.

Le circuit balnéaire s’organise en fonction des phases d’aménagements. Dans la première, l’accès se faisait par le nord via un apodyterium chauffé. Dans son prolongement méridional, on accédait à un lieu de réunion de type aula. À partir de cet espace on accédait à ce qui semble être un frigidarium, puis un tepidarium et enfin au caldarium
Dans la seconde phase, après les réaménagements, le circuit est identique, exception faite de l’ajout d’un sudatorium. Cet édifice thermal semble avoir été construit au plus tard au début du IIe s. apr. J.-C. comme en attestait la découverte de monnaies d’époque flavienne dans un radier de fondation. L’utilisation se poursuit jusqu’au IVe s. apr. J.-C. avant la destruction des structures.
Ce bâtiment est entouré par des pièces de service liées à son utilisation: cuisine, salles de chauffe, pièces de stockage, latrines…
En partie orientale se développe un bâtiment dont l’identification demeure inconnue : il sera l’objet de la campagne de fouilles en 2015.
Lors d’une tranchée de diagnostic réalisée en 2014, à l’est de l’édifice thermal, un corps de bâtiments a été reconnu. L’étude planimétrique et stratigraphique a révélée plusieurs états superposés donnant une chronologie relative allant de la période augustéenne jusqu’au IVe s. apr. J.-C. Les indices récoltés à ce jour orientent vers une interprétation résidentielle.
La zone artisanale se met en place durant trois états de construction principaux, dont la datation s’échelonne entre la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. et le IVe s. apr. J.-C.

Le premier bâtiment construit adopte un plan rectangulaire axé nord-sud et se compose dans son état final d’une succession de six cellules installées contre un mur d’enclos et bordé à l’est d’un portique dont on ne conserve que les piles de soutènement. Le mur d’enclos est percé par un bâtiment porche doté de chasse-roues et traversé par un niveau de circulation en cailloutis. Un second axe longe ce bâtiment à l’ouest. En bordure occidentale de celle-ci, une sépulture à incinération a été découverte. Elle est constituée d’un coffrage de tuiles maintenu par quatre pierres de calage et installé dans une fosse. Dans ce coffret prenait place un vase ossuaire intact contenant les cendres du défunt ainsi qu’un balsamaire en verre. Le matériel qui lui est associé témoigne d’une tombe privilégiée aménagée dans le courant de la période julio-claudienne.

Ce bâtiment est recouvert par la construction d’un grenier maçonné qui conserve et réutilise les axes de communication ainsi que la porte charretière. Il se compose de deux modules de stockage sur plancher suspendu installés de part et d’autre d’une zone de manutention surplombant l’espace de circulation extérieur.
Au nord, viennent s’accoler au courant du IIIe s. deux nouveaux bâtiments. Directement contre la porte charretière s’implante alors un bâtiment à vocation artisanale comportant une installation de forge bimétallique. 
Enfin, un dernier bâtiment a été repéré plus au nord : il a notamment livré un foyer sommaire ainsi qu’une fosse contenant un bucrane. 

La campagne de fouille de 2015 se concentrera principalement pour cette zone sur un autre bâtiment, partiellement fouillé en 2012, qui présente un plan à cour centrale (d’après des photographies aériennes) dotée de cellules périphériques, laissant penser à un plan d’auberge.
Depuis ces différentes campagnes de fouille, la nature et l’importance des vestiges a conduit à compléter l’interprétation du site : la villa initiale serait notamment adjointe de structures d’accueil des voyageurs. Il s’agit à ce jour d’hypothèses de travail que les fouilles à venir se devront de confirmer ou d’infirmer.

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Campagne 2012

Responsables : Matthieu Poux, Aldo Borlenghi

Assistés de Aurélie COURTOT, Marjorie LEPERLIER, Fanny BLANC, Jean LASSUS, Gaëlle MORILLON, Jullian CASTELBOU, Alexis BONNEFOY, Antony CARBONE.

Portage administratif et financier : association GAROM

Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC/SRA Rhône-Alpes), de la Région Rhône-Alpes, du Conseil Général de l’Isère.

Clichés aériens : B.-N. Chagny (Kap-Archeo).

Cette première campagne de fouilles extensives menée sur le site des « Buissières » à Panossas (Isère)  a permis d’approfondir la connaissance des deux secteurs déjà sondés en 2012 qui ont porté, respectivement, sur un édifice thermal préservé par la végétation d’un bosquet, d’une part, sur une zone à vocation agricole et artisanale située 150 m plus à l’ouest, d’autre part.

Historique des découvertes

Découvert dans les années 1960, le bâtiment thermal se distingue par son état de conservation exceptionnel, signalé par des hauteurs de maçonneries qui affleurent sous le bosquet à plus de 4 m de hauteur. Il a déjà fait l’objet, en 2012, de tranchées de sondage qui ont permis d’appréhender son plan d’ensemble, sa stratigraphie, la disposition et la décoration de ses principaux espaces (pièces A1-A5). Avec ses murs très imposants, atteignant près d’un mètre d’épaisseur, une surface au sol au moins supérieure à 200 m2 et la richesse exceptionnelle de ses décors, cet édifice se singularise clairement au sein de la série de bains privatifs reconnus dans la région (Poux, Borlenghi 2012, 181 sqq.). En revanche, son plan trouve des comparaisons parmi les bâtiments thermaux fouillés dans des agglomérations secondaires de la Cité de Vienne et d’autres cités de Gaule du nord (Seyssel, Annecy, Menthon-Saint-Bernard, Aix-les-Bains, Saint-Martin-d’Uriage Bliesbruck).

Les comparaisons établies à l’échelle de la Narbonnaise et des Trois Gaules nous ont conduits dès 2012 à douter de son identification, proposée dans les rapports et publications antérieurs, comme balnéaire privé rattaché à une villa. Les dimensions du bâtiment et le luxe de son ornementation militaient plutôt pour un édifice thermal à caractère public ou semi-public, comme on en connaît dans le cadre d’une agglomération secondaire, d’une mansio ou d’un sanctuaire. La possibilité d’un balnéaire privatif particulièrement imposant et luxueux ne saurait être totalement exclue, mais elle constituerait un unicum à l’échelle de la Cité de Vienne.   

La campagne de cette année, conduite sur des surfaces plus étendues, a permis de compléter le plan de l’édifice. Le déboisement et le nettoyage du bosquet, l’élargissement et la prolongation des sondages ouverts l’année dernière, ont montré qu’il comporte au moins deux pièces supplémentaires (A6 et A7), qui viennent s’accoler à l’est de l’ensemble mis en évidence en 2012 (A1-A5).

thermes Panossas 2013

Une nouvelle pièce (A6) située au nord de la pièce à abside (A2) a été partiellement sondée. Elle  comporte des tubuli encore en place sur les parois mais sa fonction exacte n’a pu être déterminée compte tenu de l’étroitesse du sondage et de la hauteur des élévations, conservées à 4,20 m du niveau de sol actuel. On peut affirmer que cette pièce a été construite postérieurement à la pièce A2 car son mur sud a été bâti tangentiellement à l’abside, contre la couche d’enduits blancs qui recouvre sa paroi externe.

Une autre pièce (A7) a été identifiée à l’est de la précédente, dont elle est séparée par un mur, et au nord de la pièce A4, avec laquelle elle communique par un seuil. Elle est munie d’une entrée nord, comportant des traces de décoration en marbre. La fouille a établi que la pièce A4 comporte en façade sud une entrée. Son mur est présente une exèdre rectangulaire dont la décoration a été arrachée. Il se confirme, par ailleurs, que la pièce A5 était hypocaustée, des restes de pilettes ayant été mis au jour sous les blocs de la suspensura effondrée. Le mur sud de cette pièce, ainsi que le mur ouest de la pièce à abside A2, présentent encore une couche d’enduit de tuileau en très bon état. Au nord du praefurnium A3, une dernière pièce dotée d’un sol en mortier,  pouvant correspondre à un local de service, voire à une cuisine profitant du foyer des thermes, a été partiellement dégagée.

L’autre apport de la compagne 2013 est d’ordre chrono-stratigraphique. En effet, deux monnaies datées du règne de Domitien ont été retrouvées dans le béton de sol de la pièce A4. Elles suggèrent une datation précoce pour la construction du balnéaire, dans lequel aucun artefact n’a été retrouvé à l’exception d’un fond de vase allobroge estampillé SEVVO, trouvé dans la canalisation assurant l’évacuation du bassin sud de la pièce A2.

À l’est du balnéaire, ont été mises au jour plusieurs pièces constitutives d’un second corps de constructions (« bâtiment F »), apparemment séparées du balnéaire par un couloir. Deux d’entre elles ont été sondées. La première, dotée d’une niche aménagée en fontaine et d’une évacuation surmontée d’une  banquette, a pu servir de latrine. La seconde, dotée d’un sol en mortier et d’enduits peints, repose sur un mur d’époque antérieure mis en évidence sous son radier de sol, qui permet d’envisager l’existence d’un premier corps de bâtiments daté du Ier s. apr. J.-C. La fonction de ces pièces et leur liaison avec le balnéaire restent à établir.

 thermes Panossas 2013

Au nord-ouest du balnéaire, un large fossé mis en évidence par les clichés aériens a fait l’objet d’une tranchée de sondage transversale. Doublé sur son côté nord par un blocage de blocs de pierre retenu par des planches, il pourrait correspondre à un bief aménagé, ce que l’étude géomorphologique des coupes et l’analyse des prélèvements (N. Bernigot, J.-F. Berger, en cours) permettra peut-être de confirmer.

À l’ouest, dans la parcelle 749, au nord des structures sondées en 2012, a été mis au jour un imposant entrepôt mesurant plus de 52 mètres de long par 18 m de large. Ses murs, épais de 90 cm (trois pieds), délimitent deux bastions latéraux dotés de planchers suspendus sur cinq murets parallèles et ventilés par des ouvertures ménagées en façade. Ces deux bastions s’élèvent de part et d’autre d’une grande cour centrale, dans laquelle étaient stockées de grandes dalles de voie, récupérées ou en attente de pose. L’ensemble correspond à un horreum ou granarium sur planchers suspendus, correspondant dans ses moindres détails aux aménagements décrits par Vitruve (granarium sublimatum).

granarium Panossas 2013

La capacité et la monumentalité des constructions, exceptionnelles en milieu rural, ne trouvent d’équivalent que dans les grands horrea urbains d’Italie, de Belgique ou de Germanie. Elles s’opposent, là encore, à un usage strictement privatif et plaident en faveur d’un entrepôt public ou semi-public, dédié au regroupement de productions locales pour une diffusion à plus grande échelle. Un pied de table ou de banc en marbre, ainsi que plusieurs pièces de vaisselle en bronze endommagées ont été mises au jour au sein de cet ensemble.
Les niveaux de circulation extérieurs ont livré de nombreuses céramiques et un ensemble de monnaies, qui situent sa période de fonctionnement entre le début du IIe et la fin du IIIe siècles de notre ère. Sous les travées du bastion nord, un mur d’époque antérieure a été mis en évidence, qui se rattache de par son orientation à l’ensemble de bâtiments fouillé en 2012 plus au sud. Au nord de l’entrepôt, un dernier bâtiment vient s’accoler à sa façade et se développe sur plusieurs dizaines de mètres, comme l’indiquent les clichés aériens.

granarium Panossas 2013

Ce chantier-école, dédié à la formation des étudiants en archéologie de l’université Lumière Lyon 2, s’inscrit dans le cadre des recherches menées au sein de l’équipe 1 (projet ELCOL, « Les élites coloniales et la romanisation des campagnes entre Lyon et Vienne »).


Rapports de fouille, consultables en ligne :

- Rapport de fouille 2012

- Rapport de fouille 2013

- Rapport de fouille 2014