
Sous la direction de Grégory Compagnon, archéologue contractuel (ArAr et Groupe de Recherche Archéologique de Tournus).
Une campagne de sondages a été menée durant l’été 2023 dans une parcelle forestière difficile d’accès sur les hauteurs de Tournus à Mancey. Elle vient dans la continuité de la prospection inventaire, sous couvert forestier, réalisée depuis 2021 dans ce secteur mal connu.
Il s’agit d’un site de hauteur qui domine à la fois la vallée de la Saône et la vallée de la Grosne. Il se distingue par la présence de monticules pierreux qui correspondent à des bâtiments effondrés autour d’un large espace partiellement nivelé que l’on pourrait qualifier de cour. La topographie singulière, le plan éclaté des monticules pierreux rapidement identifiés comme des vestiges d'édifices antiques avaient intrigué la recherche, suggérant une vocation particulière du site. Les dimensions et la morphologie des monticules, l'isolement du site par rapport aux activités modernes, ainsi que la densité de la forêt de buis qui le recouvrait, laissaient présager une conservation notable des vestiges.
Des fragments de céramique prélevés en surface, à différents endroits du site, indiquent une occupation entre la fin du 2ème et le milieu du 3ème siècle AD. En 2023, les sondages ont permis de documenter deux monticules pierreux. Ils semblent quant à eux fondés à la fin du 3ème siècle et ont fonctionné au moins jusqu’à la fin du 4ème siècle AD.
L’un des bâtiments est construit sur une terrasse aménagée et forme un quadrilatère dont le plus long côté mesure environ 12 m. Il a subi plusieurs réfections structurelles dont un agrandissement. Les murs sont conservé jusqu’à 120 cm en élévation. Ils étaient ornés d’enduits polychromes et de corniches en calcaire. Le monument a livré un spectre faunique singulier dont des centaines d’os de poules, des cochons de lait et un poisson. Cette faune est associée à des dizaines de petites monnaies dans une séquence stratigraphique développée sur 70 cm de hauteur.
L’autre bâtiment est de facture soignée avec des murs entièrement maçonnés, des sols en terrazzo, des placages en marbre et des enduits polychromes, y compris sur la façade extérieure. Il forme un quadrilatère d'environ 15 m de côté et est conservé sur environ 70 cm en élévation. Il a également livré des monnaies ainsi qu’un rare jeton de la déesse Isis.
A leur abandon, les monuments ont été spoliés de leurs tuiles de couverture et de leur parure ornementale (marbre, calcaire mouluré). Ils sont rapidement tombés en ruine et les monticules pierreux ont continué à être fréquentés jusqu’au Haut Moyen Âge.
Par la nature, la récurrence et la fréquence du mobilier déposé, le premier monument pourrait être interprété comme un temple. De par la nature des vestiges structurels, le second monument semble avoir un statut fort.
Le site, dans un état remarquable de conservation, offre peut-être un aperçu des croyances et des rituels pendant la période de transition vers le christianisme dans un contexte rural.
La fouille va reprendre dès cet été du 15 au 27 juillet 2024. Elle implique plusieurs spécialistes rattachés au laboratoire ArAr. Pour participer, envoyer un courriel à gmcompagnon@gmail.com avant le 1er juin.
Équipe :
Archéo-anthropologue : Aurore Bertrand, archéologue contractuelle, chercheur associé - Adès /UMR 7268 – Aix Marseille Université. Faune : Thierry Argant, EVEHA, chercheur associé ArAr, UMR 5138, Lyon 2. Céramique fine : Daniel Barthélemy, INRAP, chercheur associé laboratoire ArAr UMR 5138, Lyon 2. Céramique commune : Grégory Compagnon, archéologue contractuel, chercheur associé laboratoire ArAr UMR 5138, Lyon 2, membre du GRAT. Géoarchéologie : Mathieu Rué, PALEOTIME, chercheur associé Archéologie des Sociétés Méditerranéennes UMR 5140, Montpellier, membre du GRAT. Instrumentum : Michaël Brunet, indépendant, chercheur associé ARTEHIS UMR 6298, Dijon. Mortier de chaux : Nicolas Herreyre, doctorant, chercheur associé ArAr, UMR 5138 Lyon 2 et iLM, UMR 5306, Villeurbanne. TCA : Corentin Dujancourt, archéologue contractuel, non rattaché. Numismatique : Kévin Charrier, docteur en numismatique et Maxime Dard, étudiant. Verre : Amélie Marie, gestionnaire des biens archéologiques mobilier, spécialiste du verre.