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Vale de Mir (Pegarinhos) 2015
Campagne de fouilles du site du Vale de Mir - Pegarinhos (Portugal)
- du 10 août au 28 août 2015

Co-responsables :Tony Silvino (Eveha, UMR 5138),
Pedro Pereira (CITCEM, UMR 5138)

Le site du Vale de Mir (Pegarinhos) est localisé au nord-est du Portugal, à une vingtaine de kilomètres au nord du Douro, sur un rebord de plateau granitique. Le site est connu depuis le XIXe siècle comme étant un castro, à savoir une occupation fortifiée de hauteur dont la chronologie est traditionnellement placée à l'âge du Fer. Leurs remparts, généralement constitués de blocs de granite, forment l'un des aspects le plus expressifs de ce type de site. Lors de la conquête du nord de la péninsule ibérique par les troupes romaines, sous le règne d'Auguste, ces habitats ont connu progressivement une transformation avec parfois des transferts de populations. La région dans laquelle se trouve le site a intégré la province de Tarraconaise, même si la Lusitanie se trouve à quelques kilomètres plus au sud. Si ce type d'habitat est aujourd'hui bien documenté dans le nord-ouest de la péninsule, notamment grâce au développement de fouilles archéologiques, la région du nord-est du Portugal (Tras-os-Montes/Alto Douro) souffre encore de l'absence de projets systématiques. La transition âge du Fer-romanisation demeure encore assez floue dans cette partie du pays. Il en va d'ailleurs de même pour les formes d'habitat durant toute l'Antiquité.

Site du Vale de Mir (Pegarinhos) PortugalLa fouille archéologique du site du Vale de Mir-Pegarinhos 2015 constituera la quatrième campagne du projet quadriennal dirigé par Tony Silvino et Pedro Pereira. Elle fait suite aux trois campagnes précédentes qui ont permis de mettre au jour un ensemble de vestiges antiques situés sur le flanc d'une colline, en contrebas des remparts du castro de l'âge du Fer. Ces vestiges se rapportent à deux occupations datées respectivement du Haut-Empire et de l'Antiquité tardive.

En 2014, l'importance du recouvrement sédimentaire ainsi que la présence de murs de terrasses liés aux cultures récentes ont nécessité l'emploi de moyens mécaniques importants et d'une équipe de fouilleurs aguerris, constituée principalement d'étudiants portugais et espagnols (Porto et Madrid). Au terme de quatre semaines de fouilles, les deux phases d'occupation du site ont été documentées. Pour la première, la découverte majeure concerne un bâtiment rectangulaire (20 m x 8 m) à l'intérieur duquel 5 espaces ont été identifiés. Les trois premiers, également de plan rectangulaire, s'alignent dans la partie est de l'édifice. Si leurs sols n'ont malheureusement pas été conservés, les couches de remplissage destinées aux nivellement des pièces ont livré du mobilier très abondant. Par ailleurs, les vestiges d'un seuil ont été repérés dans la pièce la plus au nord.  Ils sont juxtaposés à l'ouest à un long espace allongé (14 m x 3 m), dont le sol en terre battue a été ici préservé. Le cinquième espace, au plan incomplet, se situe au nord du bâtiment. La fonction de cet édifice, daté du milieu du Ier s. ap. J.-C., reste encore à être déterminer faute d'éléments réellement significatifs. Le plan allongé de cet édifice associé à une série de pièces en enfilade n'est pas courant dans cette partie de la péninsule ibérique. Est-ce un bâtiment utilitaire, résidentiel ou les deux ? Le mobilier retrouvé en association atteste le travail du textile (fusaïoles, pesons) et de la métallurgie (scories, aiguisoirs, traces de minerais). D'autres hypothèses peuvent également être évoquées même si les éléments s'avèrent limités. La découverte d'un talon de lance associé à d'autres éléments d'équipement militaire peuvent attester la présence de soldats qui ont pu stationner dans ce bâtiment. Par ailleurs, les techniques de construction (mortier de chaux, murs en adobe, etc) ont peu de comparaison dans la vallée du Douro. De manière générale, la chaux, produite dans les régions calcaire de la Lusitanie (centre et sud), était exclusivement réservée aux monuments publics et rarement pour le privée. L'existence de détachements militaires est aujourd'hui bien attestée dans cette partie de la péninsule ibérique, notamment au cours du Ier s. ap. J.-C. Leur mission était purement pacifique : ouverture de routes, construction d'infrastructures et surtout contrôle des explorations minières. En l'absence d'arguments plus probants, il convient de rester prudent quant à cette hypothèse sans pour autant l'écarter. Quoi qu'il en soit, ce bâtiment est associé à un grand mur dont la fonction était de soutenir une terrasse. Sur cette plate-forme, un bassin revêtu de mortier de tuileau et alimenté en eau de ruissellement, capté par un système de canalisation, a été identifié. Sa fonction comme abreuvoir pour animaux (chevaux ?) est à privilégier.

Quant à la seconde occupation, il s'agit d'un ensemble de petits bâtiments construits à l'aide de remplois construits sur les ruines de l'habitat du Haut-Empire. Le mobilier retrouvé à l'intérieur et à la périphérie de ces structures place cette occupation dans le courant du IVe s., voire au début du siècle suivant.

L'objectif de la campagne de fouilles 2015 sera de comprendre un peu mieux la nature des structures dégagées, en particulier de celles se rapportant à la première occupation antique.